Nombre d’analyses produites à propos de la globalisation essayent de nous convaincre que nous vivons une période de Capitalisme débridé. Une fois la lecture de ces textes achevés, il faut reconnaître que les auteurs, qui font pour l’essentiel des descriptions techniques constatées sans doute exactes, nous parlent de tout autre chose que du Capitalisme.
Depuis les années 1980 nous actons la financiarisation d’une partie notable des « relations économiques », à la fois via des mécanismes légaux permettant des manipulations/transferts de placements financiers, et, surtout via les architectures de télématique, car sans elles aucun mouvement rapide ne serait possible, aucun traitement de l’information financière en temps réelle ne serait réalisable. Nous sommes confrontés à autre chose que le Capitalisme, même si celui-ci en est une composante.
Epargne privée abondante finançant les investissements productifs, pas de création monétaire ex-nihilo, faible inflation, pas de dettes publiques, Etat modeste, responsabilité des investisseurs privés, évolution lente des structures productives. Ces fondamentaux du Capitalisme furent parfaitement analysés par des chercheurs comme Marx qui, pour des raisons justifiées d’exploitation économique et sociale des ouvriers, proposa une réflexion menant à l’abolition de la propriété privée des moyens de production et d’échanges. Depuis, les contenus industriels ont bien changé avec la montée en puissance des économies basées en partie sur les services, bien que la plupart de ceux-ci soient souvent des activités connexes externalisées, sans lesquelles les fabrications industrielles ne pourraient pas se concrétiser et se distribuer.
Les tentatives d’économie administrée (soviétisme, maoïsme…) n’ayant pas conduit aux satisfactions espérées, la plupart des Pays impliqués ont progressivement ou brutalement selon les cas, réorganisé leur système productif sur la base du marché et des libres échanges. Nous pouvons de notre perchoir français critiquer les conditions sociales de la Chine connues depuis la libéralisation des années 1980, mais force est de reconnaître que les dirigeants de ce Pays très peuplé ont permis à 500 millions de Chinois de sortir de la pauvreté, cas unique dans l’Histoire de la Planète.
Faut-il revenir au capitalisme originel pour mettre un terme aux spéculations financières effrénées et ravageuses pour les corps sociaux ? Si oui, comment revenir aux fondamentaux comme le propose Pascal Salin ? [1] Nous sommes nombreux à considérer que ce retour stricto sensu est devenu impossible sauf à concerner un territoire restreint dont les acteurs accepteraient de vivre en quasi-autarcie. Les arguments développés par Jean-Michel Servet lors d’une conférence donnée à Brest en Décembre 2013 [2] sont autres ; selon lui, s’il y a une possibilité de voir peu ou prou se rétablir les fondamentaux du Capitalisme, ce serait du côté des Pays émergents qu’il faudrait porter le regard et la veille. Ils deviennent de facto des modèles pour le futur…
Phil Shanahan / Novembre 2015
[1] = Pascal SALIN, Revenir au Capitalisme, O. Jacob 2010.
[2] = Monnaies, dettes, monnaies alternatives. www.futurouest.com