La France est prête, nous avons déjà changé

Les théories déclinistes prospèrent aujourd’hui avec la même exagération que déployaient les chantres de la France « Locomotive de l’Europe » des années 2000. La critique excessive du Pays est devenue un filon vendeur.

Très souvent, la faute du « déclin » reposerait sur la société française dans son ensemble, comme si nous avions tous été frappés d’une sorte de déterminisme culturel, maladie incurable et collective, qui ferait de nous des résistants de pacotille à la mondialisation, résignés à chuter inéluctablement.

C’est cette prétendue maladie que veut dénoncer l’auteur. En une décennie, la France a vécu une véritable révolution culturelle passée inaperçue. Le Français ont profondément changé leur regard sur l’argent, l’entreprise, la création de richesses, l’innovation, et se sont ouverts au Monde. Loin d’être des pessimistes exacerbés, les Français veulent ardemment réaccorder leur Pays avec le présent.

Ces changements culturels sont en parfaite adéquation avec les macro-tendances des prochaines décennies et offrent à la France toutes les chances d’un rebond digne de la Belle Epoque… à condition que les responsables politiques découvrent enfin la vraie nature de leurs concitoyens.

 

Robin RIVATON

La France est prête (Nous avons déjà changé)

Les Belles Lettres – 2014 – 175 pages

 

L’auteur s’inscrit résolument en faux contre les thèses du déclin français… et nourrit des dizaines de pages à relater les données expliquant ce déclin.

Ses raisons de prévoir le rebond français sont expliquées dans des chapitres aux intitulés suivants : Un retard français, sûrement pas un déclin / Les Français ont appris les règles du capitalisme / Les Français se sont ouverts au Monde / La France adaptée au Monde de demain / Les Français sont désireux de changements / Les Français veulent moins d’Etat … et, in fine, en forme de conclusion : Le Lib-réalisme, un horizon politique.

 

Certes, il y a des explorations dans lesquelles nous pouvons accepter sa perception des atouts de la France dans les mutations actuelles. Cependant, il y a aussi des affirmations parfois curieuses.

Il fait l’apologie du statut d’auto-entrepreneur qui est l’antithèse parfaite de la création d’entreprise par nature risquée, statut qui a perverti toutes les statistiques. Les données fournies sur l’accès généralisé à L’Internet sont farfelues, on voit qu’il n’est jamais allé en Scandinavie où le HD et le THD sont à disposition depuis… 2000, alors que nombre de territoires français sont à la peine. Sur le couple social-fiscal, là encore, il n’est jamais allé expertiser comme font les Pays Nordiques : prélèvements obligatoires élevés… et croissance soutenue. De même pour sa diatribe sur les seuils sociaux ; il ignore sans doute qu’en Allemagne et en Autriche le Conseil d’Entreprise se met en place … dès 5 salariés.

 

Il se garde bien de proposer des orientations précises. La seule proposition concrète (p.171) porte sur une fusion de l’IRPP avec la CSG-CRDS, les prélèvements sociaux sur le capital et l’impôt sur la fortune.

Son ouvrage s’appuie beaucoup trop sur des sondages qui ne reflètent bien souvent que des émotions passagères et du déclaratif… qui engage peu. Dommage.

            Curieux livre en définitive.

 

 

LF