Les colères du temps

Pluies torrentielles, tempêtes, sécheresses extrêmes, cyclones meurtriers… Des premiers récits du Déluge aux films chocs-catastrophes, les désordres du temps nourrissent nos fantasmes. Et au cœur de ces colères se trouve toujours l’homme qui tente, entre fictions et réalités de dompter les éléments sans pouvoir éviter les catastrophes naturelles. En s’appuyant sur des données historiques, des extraits littéraires et une iconographie exceptionnelle, qui même précieuses enluminures, tableaux romantiques, affiches de films et œuvres d’art contemporaines, cet ouvrage nous propose un voyage à travers le temps. Au moment où des experts nous alertent et que nos inquiétudes quant au changement climatique s’intensifient, il dresse un panorama complet de nos représentations.

Farid ABDELOUAHAB & Frédéric DENHEZ
Buchet Chastel – 2014 – 190 pages

            Effectivement l’iconographie est au rendez-vous de la présentation des représentations. Il faut insister sur le mot car la qualité de l’ouvrage est là, à 90%. En revanche quand vers la fin les auteurs reprennent les mantras de l’IPCC sur le « réchauffement climatique homogène et essentiellement anthropique », on s’interroge sur leur approche « scientifique ».

            Pourtant, leur opus commence bien puisqu’ils notent que de nos jours tout dérèglement du temps est mis sur le compte du changement climatique ; celui-ci étant le nouveau bouc émissaire, le nouveau responsable de nos angoisses. Pour autant les spécialistes n’en savent pas grand-chose. Tout juste peuvent-ils avancer que ce qu’ils constatent est conforme aux prévisions de leurs modélisations pour les décennies à venir : des dysharmonies climatiques diversifiées.

            Durant le voyage dans le temps, les auteurs nous montrent –textes et images à l’appui – que les prophéties qui traversent les sociétés occidentales préviennent les tempêtes et les flots à venir, lancés par un Dieu vengeur et déterminé, qui punit ses ouailles à coups de foudre et de tonnerre terrifiants, et sans l’ombre d’un sentiment de compassion. Ils auraient pu rapprocher cela des positions mystiques du type Al Gore et compagnie ; ils ne l’ont pas fait. Et pourtant, les mythes ne manquent pas, du Déluge à l’Atlantide, nous trouvons des milliers de cas où le changement de climat résulte d’un mauvais comportement des hommes vis-à-vis de leurs divinités.

            Curieusement, les changements climatiques violents intervenus sur la planète Mars ne relèvent pas de ce type de posture… puisqu’il n’y avait ni humain ni divinité !

            L’exemple de la p.47 est emblématique. Il montre une publication de Janvier 1902 qui annonce « un déluge de glace », signée Victor Forbin. La France disparaîtra sous les glaces, seuls l’Auvergne et les Cévennes (sic) émergeront…etc. Toute cette fantasmagorie reposait sur le rôle du « glacier austral »… qui n’existait pas. Il s’agissait en définitive de l’Antarctique – continent immobile – et non pas d’une méga-banquise dérivante.

            Les auteurs conviennent que les changements climatiques rapportés lors de périodes passées ne suffisent pas à eux seuls à expliquer des mouvements sociaux, des révoltes dues à des récoltes maigres, voire des révolutions. Tout dépend des croyances en vigueur dans les sociétés concernées, y compris quand il s’agit de sorcelleries. Il en va de même des capacités – ou pas – des élites à conduire les évolutions socio-économiques pour gérer au mieux les caprices du temps. Les postures actuelles montrent que rien n’a vraiment changé et que les croyances ont souvent le dessus sur les connaissances : elles sont simplistes et ne demandent pas d’efforts d’apprentissage.

            Plus loin, les auteurs – avant de tomber eux-mêmes dans le piège – stigmatise les propos tenus abruptement à propos des colères du temps.

            Le climat se réchauffe ? L’homme en est forcément responsable ! Profondément ancré dans nos fondamentaux judéo-chrétiens, le discours écologiste déroule souvent le triptyque péché – pénitence – punition. Ce ne peut être que la faute de l’homme si le temps est déréglé. Et pour éviter la punition divine, il lui faut faire repentance…etc…

            Tout ceci est bel et bon, mais alors pourquoi, à partir des pp.159-161, les auteurs plongent-ils les yeux fermés dans les poncifs les plus éculés sur le « monde fini », la raréfaction des matières premières, les pénuries d’énergies, l’absence de réponses techniques ad hoc, les rendements agricoles menacés… bref, autant de contre-vérités qui empoisonnent les cerveaux et empêchent de raisonner sainement.

            De plus, les derniers points abordés sont très franco-français. Toujours cette excessivité à vouloir dicter notre credo au reste du Monde… qui n’en a que faire, évidemment.

            Reste des iconographies fort bien montrées. Et toutes les superstitions qui les ont accompagnées.

 

Renvois :

¤ Jacques MERLE, Océan et climat – FuturWest N°26.
¤ Claude ALLEGRE, L’imposture climatique – FuturWest N°36.
¤ Emmanuel GARNIER, Les dérangements du temps (1500 => 2000) – FuturWest N°37.
¤ Benoît RITTAUD, Le mythe climatique – FuturWest N°37.
¤ Etienne DUBUIS, Sale temps pour le GIEC (Du Nobel aux affaires) – FuturWest N°39.
¤ Istvan E. MARKO E (Dir.), Climat : quinze vérités qui dérangent – FuturWest N°48.
¤ Katia et Guy LAVAL, Incertitudes sur le climat – FuturWest N°49.
¤ François GERVAIS, L’innocence du carbone – FuturWest N°49.

Ph.S