Il est toujours pathétique d’entendre des déclarations de « dirigeants » affligés par ce qui arrive de négatif à leur entreprise, collectivité, association, institution… menacée dans son intégrité, notamment socio-économique, sous l’influence des mutations, évolutions, transformations des conditions de vie et d’organisation productive. Mais le rôle d’un dirigeant est principalement de penser le changement de manière à proposer à ses employés, ses citoyens, ses associés… ou de s’entourer de compétences permettant d’y parvenir.
Chine
L’offensive chinoise en Europe
Les entreprises chinoises sont parties à la conquête de l’Europe et ont fait leur entrée dans notre paysage, occupant une place grandissante dans l’économie européenne, employant déjà des milliers de salariés. Elles s’adaptent tant bien que mal à notre continent. Comment s’est effectuée cette « offensive » ? Ces entreprises sont-elles de bons employeurs au regard des pratiques occidentales ? Commenta concilier ces dernières avec les recettes qui réussissent en Chine : relations privilégiées, rôle du politique et et pression sociale ? A l’heure du réveil nationaliste, quel accueil est réservé a ces nouveaux venus ? Les auteurs ont travaillé pour ces grandes firmes ? Dans un essai enlevé, ils répondent à ces grandes questions, et à bien d’autres, dépeignant finalement la rencontre dérangeante d’une puissance montante et d’un vieux continent secoue par la crise.
Philippe LE CORRE & Alain SEPULCHRE
L’offensive chinoise en Europe
Fayard– 2015 – 195 pages
A l’heure actuelle, La Chine nouvelle reprend en main sa production pour elle-même et non plus seulement pour ses donneurs d’ordres occidentaux. De fait, trente ans de croissance ont permis l’avènement de champions industriels dont les produits débarquent sur les marchés occidentaux. On passe du « made in China » au « made by China ».
Les économies occidentales, quant à elles, voient peu à peu se refermer leurs débouchés dans l’Empire du Milieu, alors que le pays développe activement ses investissements à l’étranger.
CHINE : L’âge des ambitions
Vue de loin, la Chine nous apparaît sous des traits déformés : une nation de ploutocrates pragmatiques et d’étudiants implacables dont le seul rêve est de contrôler l’économie globale. Ou un géant un peu confus, rongé par la corruption et au bord de la stagnation. Nous ne voyons pas l’extraordinaire façon dont les Chinois, puissants ou modestes, réinventent leurs vies dans un Pays en pleine mutation.
Durant toutes les années qu’il a passé en Chine, l’auteur a été le témoin des profonds changements politiques, économiques et culturels qui s’y sont déroulés. Ce récit fascinant décrit la collision entre la montée de l’individualisme et la lutte du Parti pour garder le contrôle. Pourquoi ce Pays, qui a permis à son peuple d’accéder à la richesse, s’acharne-t-il à lui refuser la liberté d’expression ? Pourquoi des millions de jeunes Chinois, séduits par la culture occidentale, résistent-ils à ce point à son influence ?
Evan OSNOS
CHINE : L’âge des ambitions
Albin Michel – 2015 – 495 pages
Voilà un livre remarquable !
On comprend aisément qu’il ait reçu le National Book Award 2014.
A la différence de nombre d’essais « en chambre », celui-ci provient des huit années que l’auteur a vécu in situ. Nous retrouvons-là une démarche comme celle de Mark Leonard (UK) et de Frédéric Martel (F) = Se documenter … et aller explorer sur place. De fait, E.O. s’est écarté des jugements d’un occidental pour privilégier de décrire avant tout les vies des Chinois selon leurs propres termes.
La Chine innove
La Chine s’est réveillée à la fin des années 1970. Depuis, de nombreux efforts ont été réalisés pour transformer l’économie du Pays en un réservoir d’idées, de nouvelles technologies, d’innovations. Le secteur privé s’étend, les conglomérats chinois se renforcent dans l’économie mondiale, les programmes d’investissement dans les activités liées aux hautes technologies se multiplient, les petites entreprises innovantes émergent…A l’heure actuelle, les nouveaux moteurs de croissance pour l’économie chinoise sont les technologies de l’information, environnementales, médicales, ou dans l’aérospatial. Le lancement de ce nouveau Grand Bond en avant de l’innovation a-t-il introduit la Chine dans la société de la connaissance et de la créativité ? Comment mesurer la capacité innovatrice des entreprises chinoises ? Comment évaluer les impacts de l’augmentation de la capacité à innover de l’économie dans sa totalité ? Quels sont les défis de cette course à la performance ?
La perception des diversités dans l’approche transculturelle
Yu Shuo
« Zhuangzi et Huizi se promenaient sur un pont sur la rivière Hao.
Zhuangzi : regarde comme ces gardons se promènent à leur aise. C’est la joie des poissons.
Huizi : tu n’est pas poisson. Comment connais-tu la joie des poissons ?
Zhuangzi : tu n’es pas moi, comment sais-tu que je ne connais pas la joie des poissons ?
Huizi : Je ne suis pas toi. Je ne sais bien entendu pas ce que tu sais. Tu n’es bien entendu pas un poisson. Cela montre que tu ne sais pas ce qu’est la joie des poissons.
Zhuangzi : Revenons à la question initiale. Tu m’as demandé comment je savais ce qu’est la joie des poissons. Tu savais donc que je sais. En fait, je le sais en me tenant au bord de la Hao. » [1]
L’Europe et la Chine
En une trentaine d’années, les dirigeants chinois ont sorti plus de 500 millions de personnes de la pauvreté, cas unique dans l’Histoire. On peut gloser sur les inégalités géographiques et de revenus que ce stato-capitalisme a engendré, mais l’essentiel est acquis et les dirigeants savent pertinemment que des inflexions doivent être apportées à la trajectoire socioéconomique suivie : effort environnemental, juste ventilation des richesses, recours accentué à la consommation interne.