En France, malgré les diverses actions publiques entreprises, le niveau de chômage des jeunes a continûment augmenté depuis les années 1970. Faut-il y voir une fatalité ? A-t-on identifié les véritables freins à leur entrée dans le marché du travail ?
Alors qu’il est avéré que vivre dans une région riche en emplois qualifiés augmentent systématiquement les chances de retour à l’emploi, on peut s’étonner de la très grande faiblesse de la mobilité des jeunes en France. Pourquoi ne se déplacent-ils pas pour bénéficier des meilleurs environnements économiques ?
Le livre présenté ici montre que le phénomène ne tient pas tant à des choix personnels ou familiaux qu’à l’existence de politiques publiques qui entravent la mobilité. Les politiques de logements et d’emplois aidés tendent à enfermer les jeunes dans ce qu’on pourrait qualifier de trappes à immobilité. Les auteurs proposent cinq mesures…
Jean-Benoît EYMEOUD & Etienne WASMER
Sciences Po – 2016 – 90 pages
La cause est entendue, dans ce « Pays de rentiers » (sous-entendu aussi bien les détenteurs de revenus et de patrimoines que les détenteurs d’emplois pérennes publics et parapublics), la mobilité des jeunes n’est aucunement encouragée.
Présentant un panorama européen, les auteurs montrent qu’à titre d’illustration, la personne la moins susceptible de se déplacer d’un lieu à un autre est un Italien, homme, propriétaire, qui a entre 35 et 45 ans. La personne la plus mobile est une néerlandaise, locataire, qui a entre 26 et 35 ans.
JBE & EW font cinq propositions pour solutionner la question :
– Baisser les droits de mutation à titre onéreux ; ce qui permettrait de baisser le coût de la mobilité sans peser sur la décision d’accession à la propriété.
– Flexibiliser les baux pour les jeunes sans emploi stable permettrait aux propriétaires de donner leur chance à ces jeunes.
– Faire augmenter dans le temps les surloyers du parc social qui affectent certains loca- taires de ce parc dont les revenus dépassent – souvent largement – le seuil d’éligibilité, en fonction de la durée passée dans un logement social, et tant, bien sûr, que les revenus dépassent le seuil d’éligibilité, ceci afin de réduire progressivement l’écart avec le parc privé et de provoquer un appel d’air pour les nouveaux arrivants en agglomérations.
– Pôle Emploi doit communiquer plus énergétiquement sur la mobilité géographique et accompagner financièrement le retour à l’emploi dans une autre zone géographique, en se portant caution pour quelques mois.
– Les Missions Locales doivent recevoir des crédits a – due proportion pour le placement des jeunes en dehors de leur zone géographique d’origine, afin de les inciter à penser l’avenir des jeunes au-delà de leur zone de couverture.
Que dire, sinon « Allons-y, appliquons ! ».
LF